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LA DECOSTERATTITUDE vol. II
1 décembre 2008

PAPY EST MORT

Papy c'était mon héro et je ne l'ai connu que les quatres premières années de ma vie. Il fallût qu'il s'en aille un sombre jour de 1994, un peu après ma première rentrée scolaire...

Pourquoi donc était-ce mon héro? Parcequ'il était comme moi ou plutôt parce que j'étais comme lui. Il avait quatre doigts à la main droite et moi à la main gauche. Malformation congénitale. Héréditaire.

Ma Mamie vivait dans un pavillon à Stains, en banlieue. Souvent, on allait leur rendre visite avec mes parents. C'était aussi l'occasion de voir ma soeur, m'acceuillant toujours avec des haribots. Mon papy, il était toujours dans son fauteuil dans le coin de la pièce (le salon), devant la télévision, avec un livre sur les jambes. Il dormait le plus clair du temps et à chaque fois que quelqu'un rentrait dans la pièce, il se réveillait et tournait une page.

Dès que j'arrivais dans le pavillon, je me précipitais dans le living pour aller embrasser mon papy dans son fauteuil. Il y était toujours. C'était son trône et je savais où le trouver. Et je ne manquais pas de le faire râler quand je lui demandais si je pouvais encore regarder "la totale!": "dis-dont, tu peux pas regarder des dessins animés comme tout le monde? On l'a plus "la totale!", on nous l'a volé..." sur quoi ma mamie lui reprochait ce mensonge et mettait le film en route.

Et c'était comme ça tout le temps.

Un jour comme les autres, je suis rentré dans le pavillon. Je me précipite vers le salon et je vois que le fauteuil est vide. Bah merde alors, il est où Papy? Je vais vérifier dans toutes les pièces: personne. "Dis, il est où Papy?".

Mes parents ne savaient pas comment me le dire et ils ont retardé le moment jusqu'au jour que je m'en rende compte tout seul. L'enterrement avait déja eu lieu depuis un p'tit moment. Ce moment m'a tellement traumatisé que je m'en rappelle encore maintenant.

Je suis bête aussi... C'est vrai qu'il y a peu de temps on était allé à l'hôpital pour le voir. Enfin, moi je n'ai pas pu entrer. Je suis resté dans le hall avec mon oncle qui m'avait donné une cannette d'orangina (et je me rappelle ne pas avoir aimé ce breuvage que j'avais eû du mal à finir). Je revois aussi ma mère et ma mamie revenir, disant qu'il allait très mal, qu'il était devenu méconnaissable. Le puzzle de ma mémoire se reconstituait.

En cette rentrée 1994, j'avais perdu mon symbôle, mon papy. Je ne connus plus personne ayant quatre doigt depuis ce jour.

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