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LA DECOSTERATTITUDE vol. II
3 janvier 2009

La gym et moi...

... ça fait beaucoup.

De toutes façons, je n'ai jamais été adroit, jamais je ne fûs à l'aise dans le monde qui m'entourrait. Déja, dans le ventre de ma mère, j'étais mal positionné, de travers. De ce fait, on a dû imposer à ma mère une césarienne, et ce trois semaines avant la date de naissance. Si on me laissait dans le ventre de ma mère encore plus longtemps, j'aurai grossit et il aurait été cent fois plus difficile pour moi de sortir. Même pas sorti que déja j'étais dans l'inconfort.

Ces dix-huit années fûrent nourries d'une haine tenace envers le sport. Et pourtant, j'ai tenté quelques approches, de maintes et maintes fois je me suis approché de lui avec un drapeau blanc. J'ai voulu l'apprivoiser mais rien n'y a fait. Le sport est indomptable. Je voulais le prendre comme je le voulais, je le croyais flexible mais il fallait me rendre à l'évidence: le sport, on le prend comme il est et pas autrement. C'est un rapport de soumis/dompteur et il n'accepte pas la soumission.

Le sport et moi c'est insoluble. C'est moi le responsable, et je l'assume parfaitement. Je devais rester jusqu'en Terminale le mec que l'on choisit en dernier quand on fait les épuipes de foot, de hand ou autre.

Le sport m'a aggressé très tôt: en primaire. En CE1 je crois... Il y avait un cross à la fin de l'année. Si je me rappelle bien, y'avait toutes les classes de l'école qui participaient. D'autres établissements du département étaient également de la fête. Il fallait faire des tours dans un stade de Vernon, de l'autre côté de la Seine, à côté du terrain de Tennis. Robin le connaît bien, il y faisait des courts tous les samedis ou mercredi aprèm' je sais plus.

Moi le sport, il ne me parlait pas. Mais alors pas du tout. Ce que j'en savais, c'est ce que Robin m'en disait et ce que la télé m'en montrait. J'étais plus accroc à l'émission exclusif sur TF1 à 18h pour sa rubrique cinéma, au Club Dorothée et à mon magnétoscope qu'à faire du saut en longueur ou du football. Si je m'y étais mis au plus jeune âge possible, peut-être y aurai-je pris goût, peut-être même que je serai en sport étude en ce moment. Mais non, j'ai choisi la voie des VHS et me v'la en école de cinéma. Chaucun son destin.

Le sport était donc un grand inconnu. Et pourtant, il était déja mon ennemi. Quand j'ai su réellement lire en CP, c'était en lisant un prospectus qui nous donnait les nouvelles dates de gymnastique. J'étais très fier de savoir lire, surtout parce que c'était Pâques et que j'étais vexé de ne pas savoir lire à Noël comme ma soeur. Mais pour lire ça, cette lettre aggressive, me narguant... Elle me hantera jusqu'à la fin de mes jours, j'en suis sûr. Le sport savait qu'il me toucherait à jamais si je savais lire à partir de ce papier. J'ai peut-être gagné quelques batailles mais sur ce coup-là, c'est le sport qui a gagné la guerre. Le salaud.

Revenons à ce cross: tout le monde est prêt, on se change dans les vestiaires (ça me rappelle la piscine où on déconnait, on faisait pas de longueurs), on enfile nos jogging, on nous épingle un dossard et on va courrir après s'être échauffé, chose que je fîs évasivement. On se place devant la ligne. Un mec brandit un drapeau.

"GO!" hurle t-il, le bougre, en baissant son drapeau rouge.

Tout le monde se met à courrir. On est tous ensemble, Robin, Bastien, Bertrand et moi. On est un gros paquet d'élèves à courrir à la même vitesse. Les autres niveaux vont courrir après nous ou on déja courru. Donc beaucoup nous regarde.

stade_vernon

(le non moins fameux stade de vernon! Là où s'est déroulé mon cross!)

Tous les quatres, on court, on parle, on rigole. Et puis Robin quitte le peloton, allant plus vite que nous. Ensuite c'est Bastien. Ensuite c'est Bertrand. Puis c'est tout le monde qui me dépasse. J'étais super essouflé, j'avais mal aux abdos, mal aux jambes, j'étais fatigué. Un point de côté se ramène. Le premier point de côté de ma vie. Et v'la qu'un deuxième vient m'attaquer! Le sport n'y va pas par le dos de la cuiller avec moi...

Je suis à bout de souffle. C'est bientôt la fin. Pratiquement tout le monde est déja arrivé. Je les vois en train de boire, manger des biscuits sur le côté, à la buvette. Je regarde derrière-moi. Houra! Je ne suis pas le dernier! Y'a encore une personne... Mais c'est une fille. Je regarde plus loin derrière: désert.

Putain... Je suis le dernier garçon... J'étais bon dans toutes les matières, j'étais un bon élève mais là en sport j'étais... nul, fallait se rendre à l'évidence. Je savais que je n'étais pas bon: le foot n'était pas mon truc et j'étais toujours le chat parce que je courrais pas assez vite. J'arrive. On note mon nom. Dans la liste, je vois un nom qui n'a pas encore été coché. Cool! Donc je ne suis pas le dernier arrivé!

"Il est où celui qui n'est pas coché madame? Il est loin derrière?" "Non, il a pas couru, il est absent" ("connasse")

A cette époque, mes héros c'était Gérard Jugnot, Michel Blanc... Et je comprenais pourquoi: je leur ressemblais. Du moins, je ressemblais aux héros de leurs films. De ce point de vue, ce n'étais pas une catastrophe et j'acceptais alors cette idée: celle d'être un nullard en E.P.S. Et je pense que ce jour là, y'a eu un déclic dans mon cerveau et j'ai fais un blocage au niveau du sport. Pas un blocage du genre: "je suis nul, j'y arrivera jamais" mais plutôt: "je suis nul en sport, certes, mais comme les personnages que j'aime au cinéma et c'est pas plus mal". La preuve: je m'en rappelle encore aujourd'hui.

A part ce cross annuel, je me rappelle d'activité physiques hebdomadaires: la gymnastique. On prenait le car pour aller au gymnase plus loin dans la ville, à quelques pas du ciné. Je me rappelle du prof de sport: c'était un con (un blond avec une calvitie au visage tout rouge), tout le temps en jogging même le week-end, qui pensait qu'au sport et aux bagnoles qui avait un fils qui était un con qui pensait qu'au sport... et aux bagnoles. Le lendemain de la mort de Jean Marais, son fils me demande pourquoi ça va pas et je lui réponds que la cause en est la mort de Jean Marais, un de mes héros: il a joué dans les "Fantômas", dans "le Bossu", "le Capitan", "le miracle des Loups"... Des films que j'adorais et qui passait en boucle sur la 3 ou la 6! Et lui il me répond que pour me remonter le moral, il faut penser que dans deux mois sort des usines une des nouvelles ferrari, je sais plus modèle, un grand évènement, un petit bijou...

La nouvelle ferrari. C'est Fandor, c'est Lagardère qui nous quitte et lui il me parle de la dernière ferrari... Le choc des différences de goût, de cultures et de centres d'intérêt.

Ce prof de sport était un con et ne comprenait pas pourquoi je n'aimais pas le sport. Néanmoins, malgré ma timidité, je n'hésitais pas à lui répondre:

_" Mais allez, Thibault, bouge-toi! C'est quand même pas compliqué de monter sur une corde bordel!"

_" Mais j'ai plus de force bordel!"

_ "Mais t'es un mec, et quand on est un mec on a de la force, bordel!"

_ "Mais j'ai pas assez de doigts bordel!"

Tout le monde rit, c'est l'effet recherché. Il devient tout rouge, il me pousse en me faisant: "bon allez, va t-en! Anaïs, vient là s'il te plait et montre-lui ce que tu peux faire!"

Anaïs s'exécute, docile, et monte jusqu'en haut de la corde, fait sonner la clochette tout en haut. Tout le monde applaudit.

_"Alors, si une fille peut le faire, tu peux y arriver Thibault, non?"

Je ne répondais rien, je le regardais droit dans les yeux, et lui il laissait passer les autres. Puisque la majorité des élèves y parvenait, il ne loupait pas une occasion de m'humilier. Enfin, il pensait m'humilier mais ça me passait au dessus de la tête. Personne ne se moquait de moi, c'était l'essentiel. Y'avait d'autres exercices, les cerceaux etc... Et surtout le trampoline. J'adorais le trampoline. Je faisais n'importe quoi mais je m'amusais comme un fou. J'adorais sauter et me réceptionner sur le flanc ou le dos. Le seul moment vraiment bon de cette séance, qui était toujours à la fin.

Mais j'avais décidé de prendre ma revenche pour cette histoire de corde! Moi aussi j'y arriverai à faire sonner cette putain de clochette!

Un jour, tout le monde monte à la corde. Cette fois, il ne me fait pas passer, ayant jugé que je n'y arriverait pas et qu'il était inutile qu'il perde son temps avec moi. C'est la fin du cours, tout le monde commence à partir. Tout le monde est retourné, personne ne peut voir la corde. Je m'agrippe à elle, je monte un peu avec énormément de mal, je secoue la corde au dessus de moi. La corde atteint la clochette qui sonne. Tout le monde se retourne et je fais semblant de descendre, tout rouge. Le prof de sport n'en croit pas ses yeux.

_ "Mais... Mais... Mais... Comment t'as fait?"

_ "Bah je suis monté, j'ai fait sonné la clochette et je suis redescendu un peu vite, c'est tout".

_ "C'est incroyable... Un miracle! Et dans mon cours!"

Tout le monde était abasourdit. Tout le monde sauf Nacéra, une fille de ma classe que j'adorais. Elle était super sympa et assez intelligente (mais un peu turbulente: quand elle était trop agitée, la maîtresse la menaçait de ne pas lui faire sauter de classe, ce qui l'a mettait en pleurs systématiquement. Les maîtresses sont des nazis parfois).

_ "Mais non Monsieur! Je l'ai vu, je ramassais mes chaussons, il est un peu monté, il secoué la corde pour faire sonner la clochette et il a fait semblant de redescendre".

Le sourire du prof s'est figé. Tout le monde s'est mis à rire. Meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde...

gymnase_vernon

(le non moins fameux gymnase de Gamilly à Vernon! Et je crois que c'est mon prof sur la photo)

Je m'étais bien gardé de raconter à mes parents ce moment. Mais quelques jours plus tards, sur le chemin du retour de l'école, Nacéra nous rejoint, ma mère et moi, pour faire un p'tit bout de chemin ensemble. Et là, elle commit une grosse bourde:

_ "Vous savez madame, moi je l'aime bien Thibault, il est sympa et il connait les dates des films par coeur, j'ai jamais vu ça! Et en plus, il est marrant, l'autre fois il a fait semblant de faire sonner la cloche! Qu'est-ce qu'on a rit!"

Putain... Et ça l'a marqué ma mère parce que à chaque fois que la conversation se tourne vers mes capacités physiques ou sur Nacéra, il ressort systématiquement cette fameuse réplique, emblèmatique de mon rapport avec le sport : "il est marrant Thibault, l'autre fois il a fait semblant de faire sonner la cloche!"

Je lui en veut pas, j'avoue c'est marrant avec le recul. Mais sur le coup, j'avais envie de la découper en morceaux puis de la donner à manger à des animaux dans un zoo, comme le réparateur d'ascenseur dans "le père noël est une ordure"... 

Pour en revenir à ce prof de sport, je l'ai revu dans Vernon il y a deux ou trois ans. Il est resté le même: toujours aussi rouge par la figure, toujours en jogging avec une vieille renault, grossièrement tunée. S'il est heureux comme ça, c'est le principal. Finalement, je ne critique pas.

Et puis moi non plus je n'ai pas changé, je suis toujours cinéphile et je n'aime pas le sport. D'ailleurs, sur le rapport de ma dernière visite médicale, il y a marqué noir sur blanc (et c'est vrai): "musculature = 0". Ca résume bien la situation.

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Commentaires
M
ha ha ^^<br /> <br /> "J'ai pas assez de doigts !"<br /> <br /> J'adore ^^
K
Et moi donc ! Tu veux un résumé de mes capacités sportives ?^^
B
Ah le cross... Je m'en rappelle aussi ! Je m'étais pas mal débrouillé (moi je n'étais pas dernier, moi !! lol), mais quand j'eût fini la course, au lieu d'aller à la table des classements pour donner mon dossard et ainsi être classé selon mon arrivé, je vais directement à la table où se trouve la nourriture (évidemment). Alors entre temps, bien sûr, beaucoup (enfin quelques uns) passent avant moi. Quelle injustice !!
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